“Bien-être humain, bien-être animal, un lien indissociable” : retour sur la soirée débat

RP condition animale

Les écologistes rassemblés ont une vision et un programme pour remettre la question animale au centre des politiques publiques. Le temps d’une soirée lundi 10 février, à la Cantine du 18, nous avons offert le micro à celles et ceux qui font avancer la cause animale et celle du vivant en général, qui soignent le lien humain-animaux. 

Autour de Clémence, animatrice de la soirée, et d’Anne-Claire Boux, tête de liste de l’Ecologie pour Paris 18, nous avons pu entendre : 

  • Hélène Lebail, la présidente de l’Association Gamelles Pleines Paris qui lutte contre l’exclusion sociale des personnes en situation de précarité en agissant par la dimension animale ; (https://www.gamellespleines.fr/
  • Fabienne Houlbert, la présidente de l’association TERPTA qui propose des solutions clé en main permettant de maintenir le lien entre les personnes âgées en situation de dépendance et leur animal de compagnie. (https://www.terpta.fr/
  • Mathieu Haguenauer, cofondateur du bureau ARKI ANIMA, qui propose des solutions architecturales pour mieux intégrer l’animal en ville. (https://www.arkianima.com/)  
  • Douchka Markovic, adjointe d’arrondissement, co-fondatrice du Parti animaliste et candidate sur la liste des écologistes du 18ème. (https://parti-animaliste.fr/

Retour sur leurs messages et idées clefs partagées ce soir-là. 

Anne Claire Boux

Anne-Claire Boux : “La condition animale doit irriguer les politiques publiques de manière transversale” 

Notre tête de liste conclut cette soirée en remerciant les intervenant.e.s : “le lien que peuvent créer les animaux avec les humains, leur nécessaire présence en ville, nous devons absolument préserver cela. Nos acteurs et actrices de ce soir y participent.”

Le rassemblement de toute “l’écosphère”, y compris les animalistes, sur une liste commune est une victoire culturelle, confirmée chaque jour par le “verdissement” forcé des listes concurrentes rappelle Anne-Claire qui ironise sur “tous ces tracts devenus verts”. L’un des pans du programme des écologistes est consacré à la “nature en ville”, et forcément à la place des animaux en ville, à leur bien-être. L’avantage du sujet de la condition animale, c’est qu’il est transverse, ils touche toute une série de politiques publiques, “des plus petites comme l’installation d’hôtels à insectes aux plus grandes comme la revue de l’urbanisme pour inclure le vivant”. 

Parmi les actions portées dans le programme, la candidate – et potentiellement future maire du 18ème – cite : 

  • La création d’une délégation “condition animale” à la mairie centrale ;
  • La création d’une réserve de biodiversité sur la petite ceinture, notamment dans le 18ème ;
  • L’ambition de redonner toute leur place aux animaux en ville, et notamment créer des caniparcs : il y aurait 1000 chiens par kilomètre carré à Paris !

En conclusion de cette soirée sur le lien indissociable entre les bien-êtres humain et animal, Anne-Claire expose une mesure qui lui tient à coeur : “instaurer à l’école la sensibilisation au respect des animaux, car il y a un bénéfice associé : éviter la maltraitance envers les animaux permet aussi d’éviter la maltraitance entre humains.”

Douchka Markovic : “Je vois un animal, je suis heureuse.”

Adjointe écologiste à la mairie du 18ème, co-fondatrice du Parti Animaliste en 2017, elle est candidate sur la liste des écologistes pour Paris 18. En introduction de son propos, Douchka rappelle : “On parle souvent des souffrances animales, et ce soir on voulait parler de l’autre versant, l’amour réciproque entre humains et animaux, leur influence positive sur nous. On parle même d’êtres non-humains plutôt que d’animaux.” 

La question étant politique, une réponse politique a été apportée par la création du Parti Animaliste en 2017, ouvrant ainsi une offre pour tou.te.s les défenseur.e.s de la cause animale de France : lors des Européennes de 2019, le vote animaliste a recueilli 2,3% des suffrages, soit presque un demi-million de bulletins glissés dans l’urne. Douchka poursuit : « en créant le Parti Animaliste, nous avons voulu donner une réponse à une situation qui était politique dans son essence même. Cette souffrance systématique des animaux avait besoin d’une réponse, considérer les animaux se devait d’avoir une vision politique. » 

Même quand tous les humains sont libres, les animaux restent exploités, alors que pour les animalistes, “la racine de la considération doit se faire au niveau du plan faible, du plus vulnérable : les animaux.”

Douchka rappelle l’importance de “présenter des initiatives positives pour montrer que les animaux rendent heureux. C’est notre sujet ce soir et c’est cette vision positive de la ville que nous défendons », notamment au travers des initiatives mises en place durant la dernière mandature par nos élu.e.s écologistes, telles que : 

  • La création du “Mois de la nature” et de la “Journée du végétal” chaque année, 
  • La mise en place d’un repas végétarien par semaine dans les cantines scolaires, ainsi qu’une alternative végétarienne tous les jours (choisie par 1600 enfants sur 14000 dans le 18ème)

En conclusion, l’adjointe élargit la vision politique qu’elle nous offre : “Le vrai sujet derrière la condition animale, c’est notre rapport en tant qu’humain avec les animaux, et plus généralement avec la nature.”

Mathieu Haguenauer : “La question, c’est comment rééduquer les gens à la nature.”

Cofondateur de “Arki Anima”, un bureau qui conçoit des solution architecturales intégrant le vivant (faune et flore). Mathieu rappelle qu’à la campagne comme à la ville “nous avons besoin des animaux et les animaux ont besoin de nous”. A l’heure actuelle, les animaux urbains comme les pigeons et les rats sont considérés comme des nuisibles, alors que “le rat entretient nos réseaux enterrés, notamment les parties inaccessibles aux humains, c’est une nécessité démontrée” signal-t-il. Apparaît une nécessité de modifier la manière dont urbanisme et architecture sont abordés, pour tenir compte de la flore et de la faune. “L’architecture, c’est la création de lieu de vie, mais on n’a pas à se limiter à la la vie humaine.” 

C’est ici qu’il identifie l’aspect financier comme un obstacle majeur. A l’heure actuelle, “Prendre en compte la question animale ou florale n’a aucun intérêt économique pour un constructeur ou un promoteur immobilier.” D’où une double solution à envisager : obligation et éducation. Obligation, par exemple en enrichissant les PLU actuels ; il existe un article 13 “Espaces libres et plantation, végétalisation du bâti”, et Mathieu imagine un article 16 (inexistant à l’heure actuelle) qui concernerait la “Présence et cohabitation animale”.Concernant le sujet du lien indissociable entre humains et animaux, et même humain et reste du vivant, Mathieu conclut : “si l’on parle d’obligation et d’éducation, alors la question est politique.”

Gamelles pleines

Hélène Lebail de Gamelles Pleines Paris : “A travers l’animal, c’est l’humain qu’on aide”

Hélène est présidente de cette association (12 implantations en France), dont le slogan est “4 pattes pour se relever”. Grâce à des relais et à une présence hebdomadaire dans les rues parisiennes, les bénévoles viennent en aide aux “binômes” composés d’une personne en situation de grande précarité et de son animal (le plus souvent, un chien). Environ 65 personnes bénéficient d’un accompagnement, et leurs compagnons de 50kg de croquettes pour chien et 20kg de croquettes pour chat par semaine. Le but premier est de lutter contre l’exclusion sociale de ces personnes, notamment due au manque de structure pouvant accueillir leurs animaux. 

Le lien entre bien-êtres humain et animal est transparent quand Hélène résume l’action de Gamelles Pleines : “À travers l’animal, c’est l’humain que l’on aide, car les maîtres s’oublient au profit de leur animal ; notre aide est un premier levier fondamental de réinsertion sociale de la personne.”

Association TERPTA

Fabienne Houlbert : “Heureux ensemble, tout le temps et en tous lieux”

Derrière le nom de “TERPTA” se cache une citation de l’écrivain Antoine de Saint-Exupéry, extraite de son oeuvre phare, Le Petit Prince : “Tu es responsable pour toujours de ce que tu apprivoises.” 

L’association concentre son action sur la conservation du lien entre les personnes entrant dans des structures d’accueil (EHPAD et hôpitaux) et leur compagnon animal, notamment en installant des “bungalows” pour ces derniers dans les jardins des EHPAD. Fabienne insiste : ce n’est pas de la zoothérapie ! (c’est-à-dire utiliser des animaux pour conforter des personnes malades). “Nous devons absolument tout faire pour que le lien entre les animaux et les humains soit maintenu et encouragé, par l’activité ou l’accompagnement des initiatives.”

Nous remercions encore chaleureusement toutes les personnes présentes ce soir là et notamment les intervant.e.s.
Crédit photo : Julien Lallart